Extrait…
« Je me le tiens pour dit. Plus jamais je ne pleurerai.
Maman pleure, mais je ne dois pas pleurer.
Je dois me dresser. La famille déclare unanimement, à mon endroit, que je suis “maladivement sensible”. À l’école de Montagnac, les maîtresses m’appellent “Jean qui rit, Jean qui pleure”. Mon naturel me pousse vers des enthousiasmes et des détresses : un rien suffit à m’émerveiller ou à m’abattre, mais ce rien, qui m’est un tout, est indéchiffrable aux adultes. Qui fustigent les élans dans les deux sens… Mais que tu es exubérante, me reproche-t-on quand je saute de joie. Mais quelle pleurnicheuse, dans le cas inverse. Je n’arrive pas à mater l’émerveillement. Les pleurs, je dois pouvoir y arriver.
Plus jamais je ne serai vue en train de pleurer. Les chagrins qui m’emportent, je leur trouverai une cachette.
Je souris toujours.
Tout le monde croit que je suis une enfant heureuse.
Une adolescente heureuse.
Une adulte heureuse.
Une mère heureuse, une prof heureuse, une romancière heureuse.
Et Viva la commedia ! »
Héléna Marienské est l’autrice de Rhésus (P.O.L, 2006, prix Lire du meilleur premier roman, prix Madame Figaro/Le Grand Véfour, mention spéciale du prix Wepler), Le Degré suprême de la tendresse (Héloïse d’Ormesson, 2008, prix Jean-Claude- Brialy), Fantaisie-Sarabande et Les Ennemis de la vie ordinaire (Flammarion, 2014 et 2015).
Le livre…
À l’exception de ses deux grandes filles et de quelques femmes gardées secrètes, Héléna Marienské nous raconte ici toutes les autres, celles qui l’ont élevée, qui l’ont fait grandir, qui l’ont aimée, éveillée… ou éteinte. Toutes ces figures familiales ou amoureuses, de passage ou régnantes, qui ont fait d’elle qui elle est, une femme incroyablement libre, bisexuelle depuis toujours, ayant traversé tous les milieux, ayant eu plusieurs vies, avec comme seul impératif : la profusion, mais en restant toujours soi-même.
Dans cette autobiographie aussi (dé)culottée que celle d’un Rousseau, tapageuse, pleine d’élan et de tendresse, Héléna Marienské explore ses relations avec « presque toutes les femmes » en nous livrant, avec une sincérité inouïe, sa vie, une vie résolument placée sous le signe de la liberté et du « jeu de l’amour et du hasard ».
Presque toutes les femmes, 22 €, 145 x 220, 400 pages, ISBN : 9782080257932.
Parution le 25 août 2021.