Alors qu’il prend la route des vacances avec sa femme et son fils de deux ans, Paul ressent une pulsion brutale : l’envie d’abandonner en chemin sa famille à laquelle il ne pense plus avoir grand-chose à apporter. Cet humoriste belge, après avoir connu un début de succès, a vu sa carrière s’effondrer brutalement le soir où il a tenté, déguisé en arbre, un sketch engagé contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, son sens de l’humour l’a déserté et il ne peut plus faire semblant : quelque chose ne va pas. Est-ce lui qui ne tourne pas rond ? La société ? Le monde ? Le road-trip en voiture sera le siège d’une introspection aussi drôle que désespérée, aiguisée par des rencontres avec d’autres voyageurs en proie au même « chagrin moderne ».

Avec beaucoup d’esprit, Quentin Jardon met en scène les aventures picaresques de Paul et, ce faisant, définit les contours du mal du siècle d’une partie de la jeunesse occidentale.

« Clémence s’était déjà installée au volant. Je venais d’enclencher la fermeture automatique du coffre qui s’était rouvert à cause d’une valise sur son chemin. J’avais renfoncé la valise d’un coup de poing hasardeux, comme un boxeur stupide, en chuchotant des insultes envers le concepteur des hayons électriques, en appelant de mes vœux, sans tout à fait mesurer mes propos, à sa décapitation. J’avais passé la tête par la fenêtre pour embrasser Marius et m’assurer que sa ceinture était correctement bouclée. Ce faisant, il m’avait souri ; et c’est au moment où j’avais réceptionné ce signal en provenance de mon petit garçon, c’est au moment où il m’avait signifié par cette rapide mutation de l’expression, l’élément de langage le plus courant entre lui et moi, combien il était excité de partir en vacances, c’est à ce moment que m’était venue l’idée de l’abandonner, et d’abandonner Clémence. »