Le livre…

« Le silence a souvent été la réponse des femmes à ce qu’elles ont vécu pendant la guerre. Il est censé assurer la survie de la famille et maintenir un semblant de normalité, même entachée par l’horreur. Dans l’Allemagne de l’après-guerre, le silence qui lia ces femmes pendant des décennies ne fut pas imposé par les épreuves de la guerre, mais par les exigences de la paix, auxquelles se mêlèrent la honte, les tabous et la réticence à s’appesantir sur les victimes allemandes. »

Revenant sur les pas des siens dans cette ville autrefois appelée Königsberg, que sa famille a dû fuir bien avant sa naissance, Svenja O’Donnell décide de téléphoner à sa grand-mère. La voix bouleversée d’Inge perce alors pour la première fois, marquant le début d’un récit étouffé pendant des années. Mais ce passé, celui d’une jeune Allemande durant la Seconde Guerre mondiale, n’est-il pas de ceux qu’il est dangereux de déranger tant il est enchâssé dans une tragédie collective qui le dépasse ?

Dans sa quête effrénée de vérité, Svenja O’Donnell ravive peu à peu les souvenirs d’un monde perdu, balayé par une guerre dont les Allemandes furent aussi les victimes, condamnées au silence.

Inge en guerre, parution le 26 août 2020, 22 €, 145 x 220 mm, 368 pages, ISBN : 9782081500433.

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Svenja O’Donnell est une journaliste politique qui a travaillé en tant que grand reporter pour la presse américaine et britannique, principalement Bloomberg, le Financial Times, The Sunday Times et The Independent. Avant de couvrir le Brexit pour Bloomberg et de remporter en 2017 le Washington National Press Club Breaking News Prize, elle a été correspondante en Russie. D’origine irlandaise et allemande, elle est née et a grandi à Paris, et vit à présent à Londres.

Extrait…

Une fois dérangé, le passé ne peut plus rester en paix. Il avait franchi le mur du silence qui avait lié ma grand-mère à son secret pendant tant d’années. Le fait de l’avoir révélé allait le rendre plus léger avec le temps, mais son impact se répercuta dans ma famille au cours des semaines et des mois suivants. J’observais son onde de choc ébranler les vérités avec lesquelles nous avions grandi, remplie de culpabilité pour ce que j’avais déchaîné sans réfléchir. Il était trop tard pour faire machine arrière.

La vie a une façon bien à elle de gérer les événements qui autrement nous détruiraient. Après m’avoir raconté son histoire, ma grand-mère alla se coucher. Je terminai le gâteau de mariage de ma cousine. La crème ne fondit pas, les étages tinrent bon, le glaçage prit. Le mariage se déroula comme si de rien n’était.

L’orage que je redoutais éclata quelques semaines plus tard.