Extrait…

« Déjà le bruit court en ville. Tout le monde a entendu la sirène, vu l’hélicoptère jaune et rouge du secours en mer aller et venir. Tout le monde sait qu’il y a eu un accident, qu’il y a eu des morts et au moins un blessé grave. Dans un état critique, dit-on. Cette nuit, certains racontent qu’ils ont été réveillés, qu’ils ont senti comme une secousse, ou ce n’était peut-être qu’un pressentiment. Au fond du fjord, sur les hauteurs des montagnes, le glacier a connu une sorte de glissement de terrain ou de tremblement de terre. Tout le monde sait déjà que la journée sera longue. Et ce n’est que la première.

Il en faut peu parfois, il suffit d’un accident, d’un grain de sable dans l’équilibre fragile des jours, pour que tout s’écroule sans prévenir.
Il suffit d’un rien. Le temps coule depuis si longtemps. Les secondes s’ajoutent aux secondes. On n’y pense pas. Et puis soudain, c’est comme s’il y en avait une de trop. Elle n’est la cause de rien, cette seconde-là n’est pourtant pas différente des autres, elle n’est qu’un grain de sable de plus, mais soudain, comme dans un sablier, c’est tout le tas qui glisse et qui s’effrite et qui s’effondre sous elle. »

Thomas B. Reverdy est né en 1974. Il est l’auteur de sept romans, parmi lesquels La Montée des eaux (Seuil, 2003) et, aux Editions Flammarion, Les Évaporés (prix Joseph-Kessel 2014), Il était une ville (prix des Libraires 2016) et L’Hiver du mécontentement (prix Interallié 2018).

Le livre…

Ce n’est pas vraiment une ville, plutôt une sorte de village de pêcheurs aux maisons d’un étage, niché au creux d’un bras de mer qui s’enfonce comme une langue, à l’extrême nord de la Norvège. C’est là que tout commence, ou plutôt que tout semble finir. Ça a débuté avec l’accident sur la plateforme pétrolière, de l’autre côté du chenal. Ça a continué avec cette fissure qui menace dangereusement le glacier, ces poissons qu’on a retrouvés morts. Et si c’était lié ? C’est en tant qu’ingénieur géologue que Noah, enfant du pays, va revenir et retrouver Anå, son amour de jeunesse, ainsi que les anciens amis qu’il avait initiés aux jeux de rôles. Il était alors Sigurd, du nom justement de cette maudite plateforme.

Avec Climax, Thomas B. Reverdy réveille le roman d’aventures en lui offrant une dimension crépusculaire et contemporaine, puisque désormais les glaciers fondent, les ours meurent et l’homme a irrémédiablement tout abîmé. Au moins, il reste la fiction pour raconter cette dernière aventure, celle de la fin d’un monde.

Climax, 20 €, 135 x 210, 336 pages, ISBN : 9782080250421.

Parution le 18 août 2021.