« La famille Robbe-Grillet aime les longues marches dans le vent, sur les chemins de douanier au bord du précipice, les sorties vers le Raz ou Ouessant. Les vacances d’été, on les passe à Quiberon. La mer pour­tant est perçue comme hostile. “L’idée de se baigner, c’était quasiment scandaleux pour les marins bretons de mon enfance. La mer était une ennemie : on luttait contre elle.” Jamais il n’apprendra à nager.

En 1928, la famille s’installe à Paris dans un trois-pièces exigu. La pièce où dort Alain n’est séparée de la salle à manger que par une porte vitrée : chaque soir, son lit-fauteuil doit être déplié. Les parents font ce qu’ils peuvent pour que les enfants ne souffrent pas du manque d’argent, mais souvent le dîner se réduit à des tranches de pain trem­pées dans du lait.

Les blessures de guerre du père ont laissé des traces. La nuit il se réveille en criant, en proie à de terribles cauchemars. “J’ai l’impression d’avoir des marchandises mal arrimées dans le crâne”, dit-il, citant Kipling. Ce comportement étrange n’empêche pas les liens puissants. “Mon père et ma mère, ma sœur et moi avons vécu d’une façon très unie. Ça trouble beaucoup les psychanalystes.” »

Robbe-Grillet, l’aventure du Nouveau Roman, parution le 7 septembre 2022, 22 €, 145 x 220, 384 pages, ISBN : 9782080270450.