EXTRAIT
« Si les nouveaux délateurs voulaient bien laisser un peu d’espace aux anciens ! Mais rien ! Tout pour eux ! Hier encore… Nuit blanche dans le studio d’un étudiant, dépêché en vacances à mes frais. Trépieds, focale, visée. Même cible depuis une semaine : troisième fenêtre, sixième étage. Sandwichs, cigarettes… 00:12 : lumière derrière les volets. 01:23 : noir. 04:49 : les persiennes s’écartent et voilà mes deux sujets, cols grands ouverts, qui se mettent au balcon. Partage de cigarette. Je rafale : l’aube naissante esquisse leurs visages. Il faudrait qu’ils s’embrassent. Trajets de mains : tempes, cheveux. Ah ! Caresses furtives. Torse, cou. 04:52 : démontage, transfert, analyse. La lumière est rare, mais leurs traits bien visibles. Et les gestes parlent d’eux-mêmes. Touche personnelle : j’ai flashé leur entrée dans l’immeuble hier soir. En publiant ces photos à côté de celles, débraillées, du matin, on montrera que le couple a échangé ses chemises, preuves, s’il en est, que la nuit n’a pas été uniquement consacrée à la conversation… Belle prise, donc. Mais dix heures plus tard, je suis réveillé par une sonnerie insistante : tu peux tout jeter, gronde Mylène dans le haut-parleur. Les deux tourtereaux ont fait des selfies, les images sont sur les réseaux. Jamais agréable de se faire griller, mais par des anonymes qui ne savent manipuler que leur téléphone ? Punition. »
Journal intime d’un maître-chanteur, parution le 21 août 2024, 20 €, 135 x 210, 224 pages, ISBN : 9782080456335.
Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Il a publié dix livres, dont Un livre blanc, Journal intime d’un marchand de canons, Journal intime d’une prédatrice, La Conjuration, La légende, Une vie en l’air (Fayard, 2007, 2009, 2010, 2013, 2016, 2018) et, plus récemment, A cappella (Flammarion, 2023).
LE LIVRE
Même avec la meilleure volonté du monde, les maîtres-chanteurs se font peu d’amis. Pour pallier la solitude, l’un d’entre eux s’est mis à écrire. Il raconte l’artisanat de la menace, les circonvolutions des rançons et l’Eldorado des réseaux sociaux. Il raconte surtout son association avec un groupe de jeunes femmes, et le talent dont elles font preuve dans l’art méconnu du racket. Mais pour faire œuvre commune, il faut accepter de baisser la garde. L’ambition saura-t-elle éclipser l’habitude de la trahison ?
LE LIVRE
Même avec la meilleure volonté du monde, les maîtres-chanteurs se font peu d’amis. Pour pallier la solitude, l’un d’entre eux s’est mis à écrire. Il raconte l’artisanat de la menace, les circonvolutions des rançons et l’Eldorado des réseaux sociaux. Il raconte surtout son association avec un groupe de jeunes femmes, et le talent dont elles font preuve dans l’art méconnu du racket. Mais pour faire œuvre commune, il faut accepter de baisser la garde. L’ambition saura-t-elle éclipser l’habitude de la trahison ?
Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Il a publié dix livres, dont Un livre blanc, Journal intime d’un marchand de canons, Journal intime d’une prédatrice, La Conjuration, La légende, Une vie en l’air (Fayard, 2007, 2009, 2010, 2013, 2016, 2018) et, plus récemment, A cappella (Flammarion, 2023).
EXTRAIT
« Si les nouveaux délateurs voulaient bien laisser un peu d’espace aux anciens ! Mais rien ! Tout pour eux ! Hier encore… Nuit blanche dans le studio d’un étudiant, dépêché en vacances à mes frais. Trépieds, focale, visée. Même cible depuis une semaine : troisième fenêtre, sixième étage. Sandwichs, cigarettes… 00:12 : lumière derrière les volets. 01:23 : noir. 04:49 : les persiennes s’écartent et voilà mes deux sujets, cols grands ouverts, qui se mettent au balcon. Partage de cigarette. Je rafale : l’aube naissante esquisse leurs visages. Il faudrait qu’ils s’embrassent. Trajets de mains : tempes, cheveux. Ah ! Caresses furtives. Torse, cou. 04:52 : démontage, transfert, analyse. La lumière est rare, mais leurs traits bien visibles. Et les gestes parlent d’eux-mêmes. Touche personnelle : j’ai flashé leur entrée dans l’immeuble hier soir. En publiant ces photos à côté de celles, débraillées, du matin, on montrera que le couple a échangé ses chemises, preuves, s’il en est, que la nuit n’a pas été uniquement consacrée à la conversation… Belle prise, donc. Mais dix heures plus tard, je suis réveillé par une sonnerie insistante : tu peux tout jeter, gronde Mylène dans le haut-parleur. Les deux tourtereaux ont fait des selfies, les images sont sur les réseaux. Jamais agréable de se faire griller, mais par des anonymes qui ne savent manipuler que leur téléphone ? Punition. »
Journal intime d’un maître-chanteur, parution le 21 août 2024, 20 €, 135 x 210, 224 pages, ISBN : 9782080456335.