EXTRAIT
« Le médecin Betge le réprimande : quelle idée d’aller mouiller ses bottes dans ces circonstances, c’est la maladie et la mort assurées !
Mais Steller n’écoute pas, il saute d’un trou à l’autre, collecte du matériel et lance des instructions. Il ne se laisse pas émouvoir par ses bottes durcies par le sel ni par ses orteils engourdis par le froid, il a besoin d’hommes et d’une barque, et il en a besoin maintenant, vite, avant que les animaux aperçus se retirent au large ou dans les profondeurs ; il distribue des ordres et fait de grands gestes, la poitrine palpitante, traversé par l’exaltation du naturaliste persuadé d’avoir rencontré l’animal qui lui apportera l’immortalité.
Steller demande aux hommes de ramer sans bruit, précaution bien inutile. Une fois sur l’eau, il prend conscience de la taille de ces immenses créatures. Des ombres de trente pieds vont et viennent sous la surface – quelles bêtes incroyables, magnifiques ! On dénombre cinquante dos, et les rameurs s’inquiètent. À la moindre collision, ils seront livrés aux vagues glaciales ; ils refusent de s’approcher davantage, mais les bêtes les ont repérés. D’abord, elles nagent pour se réunir un peu plus loin, elles rassemblent leurs petits entre elles, puis un individu se sépare du troupeau et s’approche de la barque. Indécis, les rameurs agrippent leurs avirons – faut-il prendre la fuite ? Mais alors l’animal sort la tête de l’eau, et leur peur cède la place à une grande stupéfaction : la sirène les salue avec de tendres yeux bigleux. »
À la recherche du vivant, parution le 21 août 2024, 22,50 €, 135 x 210, 360 pages, ISBN : 9782080447739. Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.
Iida Turpeinen est une autrice finlandaise qui vit à Helsinki. Chercheuse en littérature, elle travaille à une thèse sur les sciences naturelles et la littérature. Ses nouvelles ont remporté la J. H. Erkko Young Writers’ Competition. À la recherche du vivant est son premier roman.
LE LIVRE
En 1741, le naturaliste Georg Wilhelm Steller rejoint la Grande Expédition du Nord. Cette mission d’exploration et de recherche scientifique, menée par le capitaine Vitus Béring, a pour objectif d’ouvrir une route maritime entre l’Asie et l’Amérique. Les navires partis de Russie n’atteindront jamais le continent américain, mais Steller fera une découverte singulière : une nouvelle espèce de mammifère marin, connue aujourd’hui sous le nom de « rhytine de Steller ». En 1859, le gouverneur de l’Alaska envoie des hommes à la recherche de cette « vache de mer », dont le dernier spécimen a été aperçu cent ans plus tôt. En 1952, John Grönvall, conservateur au musée finlandais d’Histoire naturelle, est chargé de reconstituer le squelette de la rhytine de Steller, rare vestige de cette espèce exterminée par l’homme.
Épopée passionnante, À la recherche du vivant nous fait traverser les siècles dans le sillage de la rhytine de Steller et des hommes et des femmes dont le destin a été mêlé à celui de cet extraordinaire mammifère marin. Entre roman d’aventures, histoire coloniale, des découvertes et des sciences, et réflexion quant à l’impact de l’homme sur son environnement, Iida Turpeinen déploie les différentes facettes du roman avec finesse et originalité et nous embarque dans un récit enlevé, pour, in fine, éclairer notre humanité et notre rapport au vivant.
LE LIVRE
En 1741, le naturaliste Georg Wilhelm Steller rejoint la Grande Expédition du Nord. Cette mission d’exploration et de recherche scientifique, menée par le capitaine Vitus Béring, a pour objectif d’ouvrir une route maritime entre l’Asie et l’Amérique. Les navires partis de Russie n’atteindront jamais le continent américain, mais Steller fera une découverte singulière : une nouvelle espèce de mammifère marin, connue aujourd’hui sous le nom de « rhytine de Steller ». En 1859, le gouverneur de l’Alaska envoie des hommes à la recherche de cette « vache de mer », dont le dernier spécimen a été aperçu cent ans plus tôt. En 1952, John Grönvall, conservateur au musée finlandais d’Histoire naturelle, est chargé de reconstituer le squelette de la rhytine de Steller, rare vestige de cette espèce exterminée par l’homme.
Épopée passionnante, À la recherche du vivant nous fait traverser les siècles dans le sillage de la rhytine de Steller et des hommes et des femmes dont le destin a été mêlé à celui de cet extraordinaire mammifère marin. Entre roman d’aventures, histoire coloniale, des découvertes et des sciences, et réflexion quant à l’impact de l’homme sur son environnement, Iida Turpeinen déploie les différentes facettes du roman avec finesse et originalité et nous embarque dans un récit enlevé, pour, in fine, éclairer notre humanité et notre rapport au vivant.
Iida Turpeinen est une autrice finlandaise qui vit à Helsinki. Chercheuse en littérature, elle travaille à une thèse sur les sciences naturelles et la littérature. Ses nouvelles ont remporté la J. H. Erkko Young Writers’ Competition. À la recherche du vivant est son premier roman.
L’EXTRAIT
« Le médecin Betge le réprimande : quelle idée d’aller mouiller ses bottes dans ces circonstances, c’est la maladie et la mort assurées !
Mais Steller n’écoute pas, il saute d’un trou à l’autre, collecte du matériel et lance des instructions. Il ne se laisse pas émouvoir par ses bottes durcies par le sel ni par ses orteils engourdis par le froid, il a besoin d’hommes et d’une barque, et il en a besoin maintenant, vite, avant que les animaux aperçus se retirent au large ou dans les profondeurs ; il distribue des ordres et fait de grands gestes, la poitrine palpitante, traversé par l’exaltation du naturaliste persuadé d’avoir rencontré l’animal qui lui apportera l’immortalité.
Steller demande aux hommes de ramer sans bruit, précaution bien inutile. Une fois sur l’eau, il prend conscience de la taille de ces immenses créatures. Des ombres de trente pieds vont et viennent sous la surface – quelles bêtes incroyables, magnifiques ! On dénombre cinquante dos, et les rameurs s’inquiètent. À la moindre collision, ils seront livrés aux vagues glaciales ; ils refusent de s’approcher davantage, mais les bêtes les ont repérés. D’abord, elles nagent pour se réunir un peu plus loin, elles rassemblent leurs petits entre elles, puis un individu se sépare du troupeau et s’approche de la barque. Indécis, les rameurs agrippent leurs avirons – faut-il prendre la fuite ? Mais alors l’animal sort la tête de l’eau, et leur peur cède la place à une grande stupéfaction : la sirène les salue avec de tendres yeux bigleux. »
À la recherche du vivant, parution le 21 août 2024, 22,50 €, 135 x 210, 360 pages, ISBN : 9782080447739. Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.