Extrait…
« Je reviens sur la litanie des “si” qui m’a obsédée pendant toutes ces années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé.
Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d’horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l’origine de chaque geste, chaque décision. On rembobine cent fois. On devient le spécialiste du cause à effet. On traque, on dissèque, on autopsie. On veut tout savoir de la nature humaine, des ressorts intimes et collectifs qui font que ce qui arrive, arrive. Sociologue, flic ou écrivain, on ne sait plus, on délire, on veut comprendre comment on devient un chiffre dans des statistiques, une virgule dans le grand tout. Alors qu’on se croyait unique et immortel. »
Vivre vite, parution le 24 août 2022, 20 €, 135 x 210, 208 pages, ISBN : 9782080207340.
Brigitte Giraud est l’autrice de dix romans, parmi lesquels À présent (Stock, mention spéciale du prix Wepler 2001), L’amour est très surestimé (Stock, bourse Goncourt de la nouvelle 2007), Une année étrangère (Stock, prix Jean-Giono 2009), Un loup pour l’homme et Jour de courage (Flammarion, 2017 et 2019).
Le livre…
« J’ai été aimantée par cette énigme qui s’offrait à moi, j’ai été frappée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C’était inespéré et je n’ai pas flairé l’engrenage qui allait faire basculer notre existence.
Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l’accident »
En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, alors qu’elle est contrainte de vendre la maison qu’ils avaient achetée ensemble, mais qu’il n’a pas eu le temps d’habiter, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s’étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu’à produire l’inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux.
Ce n’est plus la mort de Claude, dont la violence éclipsait tout, que Brigitte Giraud met en scène, mais leur vie de jeunes parents modernes, qui ressemble terriblement à la nôtre, traversée par l’énergie du travail, de la musique, de l’amour, et une foi inébranlable en l’avenir.