Le livre…
Récit du métier d’écrivain, Trois anneaux, histoires d’exil décrit la dépression que vécut Daniel Mendelsohn à la suite de la parution des Disparus (prix Médicis étranger 2008), puis la renaissance qui puisa aux sources grecques de l’Odyssée (Une odyssée, un père, un fils, une épopée, 2017). À travers l’étude d’un procédé caractéristique de la littérature homérique (le récit circulaire et ses boucles narratives), Trois anneaux retrace aussi avec brio une autre histoire de la littérature, qui relie Homère, Fénelon, Proust et Sebald, création et commentaire, imagination et esprit critique.
Trois anneaux, histoires d’exil, parution le 9 septembre 2020, 19 €, 135 x 210, 200 pages, ISBN : 9782081513822.
Daniel Mendelsohn est né à New York en 1960. Il est notamment l’auteur de L’Étreinte fugitive ; Les Disparus (prix Médicis étranger 2008) ; Une odyssée, un père, un fils, une épopée, parus chez Flammarion. Depuis 2019, il est contributeur de la New York Review of Books et directeur de la fondation Robert B. Silvers. Il enseigne la littérature au Bard College dans l’État de New York.
Extrait…
Au début de ce nouveau siècle, j’ai passé plusieurs années à travailler sur un livre dont les recherches m’ont amené à beaucoup voyager, d’un bout à l’autre des États-Unis, mais aussi en Europe de l’Est, en Scandinavie, en Israël et en Australie. J’allais interroger des survivants et des témoins de certains événements qui se sont déroulés durant la Seconde Guerre mondiale dans une petite ville de l’est de la Pologne où avait vécu une partie de ma famille. Des gens simples, de peu d’intérêt au regard de l’Histoire, mais qui n’en étaient pas moins au cœur, au centre pour ainsi dire, du récit que je voulais raconter sur ce qu’ils avaient été et la façon dont ils étaient morts. Ils y sont donc morts, certains cachés tout près de la maison où ils avaient vécu, pour finalement être trahis ; d’autres raflés et abattus sur la place du village ou dans le vieux cimetière voisin ; d’autres encore transportés vers des endroits reculés pour y être gazés. Lorsque j’ai eu fini d’écrire cette histoire, je me suis retrouvé incapable de bouger. Sur le coup, j’ai simplement mis cela sur le compte de la fatigue ; mais maintenant, avec quinze ans et demi de recul, je comprends que j’ai en fait traversé une sorte de crise, voire une forme de dépression.