Le livre…

« Boy Diola », c’est ainsi qu’on appelait le villageois de Casamance venu à Dakar pour trouver du travail. Ce villageois, c’est toi, mon père, Apéraw en diola. À force de côtoyer de trop près la souffrance, tu as décidé de partir. Pendant des mois, tu t’es rendu au port jusqu’à ce que ton tour arrive, un matin de 1969. Tu as laissé derrière toi les histoires racontées autour du feu, les animaux de la brousse, les arachides cultivées toute ta jeunesse. De ce voyage tu ne dis rien. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. L’arrivée à Marseille, l’installation à Aulnay-sous-Bois, la vie d’ouvrier chez Citroën, le licenciement, la débrouille.

Odyssée depuis le fin fond de l’Afrique jusqu’aux quartiers populaires de la banlieue parisienne, Boy Diola met en scène, avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotion, cet homme partagé entre deux mondes et donne ainsi corps et voix à ceux que l’on n’entend pas.

Boy Diola, Parution le 28 août 2019, 17 €, 135 x 210, 192 pages, ISBN : 9782081446182.

Yancouba Diémé est né en 1990 à Villepinte, en banlieue parisienne. Diplômé du master de Création littéraire de l’Université Paris 8 en 2015, Boy Diola est son premier roman.

Yancouba Diémé…

Comment est née l’envie d’écrire ce livre ?

Un jour, mon père m’a dit qu’il était arrivé en France par bateau et ça a été pour moi une révélation. J’ai eu envie de raconter l’histoire de cet homme qui a déserté son village et abandonné parents et amis pour l’ailleurs. C’est un livre sur les nostalgies à l’heure de l’exode rural, sur les relations aux origines, sur ce qu’on fait de l’héritage des ancêtres. Et bien sûr il y a la question du retour au village, de ces tentatives pour combler la distance et revivre les gloires d’antan.

Ça veut dire quoi, Boy Diola ?

Au Sénégal, comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, l’ethnie est très importante et on la revendique avec fierté. On est diola, peulh ou mandingue avant d’être sénégalais. Le Boy, dans mon esprit, c’est le petit dont on connaît à peine le prénom, celui qui se débrouille tout seul, un peu vagabond, celui qui charbonne dur, mais c’est aussi celui pour qui on a de l’affection. Ce Boy Diola, c’est mon père.

Pourquoi ce roman bouscule-t-il la chronologie des événements ?

Quand les gens racontent des histoires, ils se répètent, ils passent d’une époque à une autre, parfois ils oublient, parfois ils se trompent. La vie de Boy Diola n’est pas linéaire, c’est une histoire faite de silences, de non-dits et de secrets. Il faut respecter ça.

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